Une Église selon l'Évangile est accueillante, ouverte, pas un "musée".

Dans sa catéchèse en italien, lors de l’Audience Générale, le pape souligne "l'alliance cruciale" entre les familles et les paroisses. 

« Une Église vraiment selon l’Évangile ne peut qu’avoir la forme d’une maison accueillante, les portes ouvertes, toujours. Les églises, les paroisses, les institutions avec des portes fermées ne doivent pas s’appeler des églises, elles doivent s’appeler des musées ! », explique le pape François.
Le pape a centré sa catéchèse en italien de mercredi 9 septembre, place Saint-Pierre, en présence de dizaines de milliers de personnes, sur le thème de la famille et les paroisses, la « communauté chrétienne ».

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je voudrais aujourd’hui attirer notre attention sur le lien entre la famille et la communauté chrétienne. C’est un lien, pour ainsi dire, « naturel », parce que l’Église est une famille spirituelle et la famille est une petite Église (cf. Lumen Gentium, 9).

La communauté chrétienne est la maison de ceux qui croient en Jésus, source de la fraternité entre tous les hommes. L’Église chemine au milieu des peuples, dans l’histoire des hommes et des femmes, des pères et des mères, des fils et des filles : c’est cette histoire qui compte pour le Seigneur. Les grands événements des puissances mondaines s’écrivent dans les livres d’histoire, et ils y restent. Mais l’histoire des affections humaines s’écrit directement dans le cœur de Dieu ; et c’est l’histoire qui demeure pour l’éternité. C’est là le lieu de la vie et de la foi. La famille est le lieu de notre initiation – irremplaçable, indélébile – à cette histoire. À cette histoire de vie pleine, qui finira dans la contemplation de Dieu pour toute l’éternité dans le Ciel, mais qui commence dans la famille ! Et la famille est très importante pour cette raison.

Le Fils de Dieu a appris l’histoire humaine par cette voie, et il l’a parcourue jusqu’au bout (cf.He 2,18 ; 5,8). C’est beau de retourner contempler Jésus et les signes de ce lien ! Il est né dans une famille et c’est là qu’il a « appris le monde » : une boutique, quatre maisons, un petit village de rien du tout. Et pourtant, en vivant pendant trente ans cette expérience, Jésus a assimilé la condition humaine, en l’accueillant dans sa communion avec le Père et dans sa propre mission apostolique. Puis, quand il a quitté Nazareth et commencé sa vie publique, Jésus a formé autour de lui une communauté, une « assemblée », c’est-à-dire une convocation de personnes. C’est cela, la signification du mot « Église ».

Dans les Évangiles, l’assemblée de Jésus a la forme d’une famille et d’une famille accueillante, non pas d’une secte exclusive, fermée : nous y trouvons Pierre et Jean, mais aussi celui qui a faim et celui qui a soif, l’étranger et celui qui est persécuté, la pécheresse et le publicain, les pharisiens et les foules. Et Jésus ne cesse d’accueillir et de parler avec tous, même avec celui qui n’espère plus rencontrer Dieu dans sa vie. C’est une leçon forte pour l’Église ! Les disciples eux-mêmes sont choisis pour prendre soin de cette assemblée, de cette famille des hôtes de Dieu.

Pour que cette réalité de l’assemblée de Jésus soit vivante aujourd’hui, il est indispensable de raviver l’alliance entre la famille et la communauté chrétienne. Nous pourrions dire que la famille et la paroisse sont les deux lieux où se réalise cette communion d’amour qui trouve sa source ultime en Dieu. Une Église vraiment selon l’Évangile ne peut qu’avoir la forme d’une maison accueillante, les portes ouvertes, toujours. Les églises, les paroisses, les institutions avec des portes fermées ne doivent pas s’appeler des églises, elles doivent s’appeler des musées !

Et aujourd’hui, c’est une alliance cruciale. « Contre les “centres de pouvoir” idéologiques, financiers et politiques, plaçons nos espérances dans ces centres de l’amour, évangélisateurs, riches de chaleur humaine, basés sur la solidarité et la participation » (Conseil pontifical pour la famille, Les enseignements de J. M. Bergoglio – Pape François sur la famille et sur la vie, 1999-2014, LEV, 2014, p. 189) et aussi sur le pardon entre nous.

Il est aujourd’hui indispensable et urgent de renforcer le lien entre la famille et la communauté chrétienne. Certes, il faut une foi généreuse pour retrouver l’intelligence et le courage de renouveler cette alliance. Les familles parfois se défilent en disant qu’elles ne sont pas à la hauteur : « Père, nous sommes une pauvre famille, un peu branlante aussi », « nous n’en sommes pas capables », « nous avons déjà tellement de problèmes à la maison », « nous n’avons pas les forces ». C’est vrai. Mais personne n’est digne, personne n’est à la hauteur, personne n’a les forces ! Sans la grâce de Dieu, nous ne pourrions rien faire. Tout nous est donné, donné gratuitement ! Et le Seigneur n’arrive jamais dans une nouvelle famille sans faire quelque miracle. Souvenons-nous de ce qu’il a fait aux noces de Cana ! Oui, le Seigneur, si nous nous mettons dans ses mains, nous fait accomplir des miracles – mais ces miracles de tous les jours ! – quand le Seigneur est là, dans cette famille.

Naturellement, la communauté chrétienne aussi doit prendre sa part. Par exemple, chercher à dépasser des comportements trop directifs et trop fonctionnels, favoriser le dialogue interpersonnel et la connaissance et l’estime réciproque. Que les familles prennent l’initiative et sentent la responsabilité d’apporter leurs dons précieux pour la communauté. Nous devons tous être conscients que la foi chrétienne se joue sur le terrain ouvert de la vie partagée avec tous, la famille et la paroisse doivent accomplir le miracle d’une vie plus communautaire pour la société tout entière.

À Cana, il y avait la mère de Jésus, la « mère du bon conseil ». Écoutons nous aussi ses paroles : « Faites ce qu’il vous dira » (cf. Jn 2,5). Chères familles, chères communautés paroissiales, laissons-nous inspirer par cette mère, faisons tout ce que Jésus nous dira et nous nous trouverons devant le miracle, le miracle de tous les jours ! Merci.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

Rome, 9 septembre 2015 (ZENIT.org)